Mewr nwoir

C’est…la mewr nwoir?

Alors là, je dis oui, oui monsieur. Oui oui oui oui oui ! Mais au fait, que fait on au bord de la mer noire ?!

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Retour le 2 avril chez Turgay. La veille, par chance ou par excès d’hospitalité turque, je réalise l’improbable : une victoire au ping-pong et au Tavla. C’est un signe il faut partir. D’ailleurs Linda nous attend à Göreme, centre de la Cappadoce. On ne fait pas trop détour. On se fait quand même plaisir en empruntant des petites routes où la Turquie est encore plus belle et étonnante, à l’image de ces trois jeunes filles qui veulent faire un selfie avec nous ou cette escorte par deux scooters pour nous indiquer le chemin. Ou bien ce berger qui accourt pour nous présenter le dernier né de ses agneaux, et ces chiens de garde pourvus de colliers aux piques acérés pour se protéger des loups et des ours. Rassurant.

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On visite aussi la ville souterraine de Derinkuyu, qui a abrité plus de 10000 habitants à une époque et qui désormais ressemble aux couloirs de métro aux heures de pointe vu le nombre de touristes qui s’y engouffrent.

Le vendredi 3 avril on découvre le cœur de la Cappadoce en arrivant par les hauteurs de Uçhisar. Le panorama est à couper le souffle. On plonge jusqu’à Göreme, on rejoint Linda qui nous a dégoté une charmante grotte avec vue sur la ville.
Le samedi avec un jour d’avance le lapin de pâque est passé en Turquie grâce à Linda. Pire que des enfants on cherche nos petits œufs dans tous les recoins de notre grotte. Malgré le froid glacial et les quelques flocons de neige on embarque nos trois vélos chargés dans une des vallées qui traversent la Cappadoce.
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Difficile de décrire de tels paysages. Les photos ne rendent pas justice aux couleurs et formes invraisemblables de ces lieux. Le ciel se découvre et fait place à un beau soleil. On explore quelques grottes parmi les centaines qu’on aperçoit. Ici des pigeonniers servaient à récolter la fiente pour fertiliser les terres, là une ancienne habitation. C’est un immense terrain de jeu où il est facile d’éviter les hordes de touristes en groupes organisés. Linda, notre guide privé, après avoir passé cinq jours dans les environs, nous fait visiter notre suite royale pour ce soir. Quatre étages, vue surprenante, baie vitrée sans vitre donc air climatisé, coin à feu donc chauffage, accès au toit. Bref le paradis. Après avoir porté et poussé plus que roulé les vélos, sauvé la vie d’un coréen perdu dans une vallée et prêt à sauter de cinq mètres de haut avec son vélo de location, on court faire des petites emplettes pour ce soir. Au menu, patates à la braise, saucisses cramées et bananes au chocolat brûlant, le tout accompagné de sa bière Turque vendue dans des sacs plastiques noirs pour cacher le vice qui devient alors évident.

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Dimanche matin, six heure pétante, encore endormis dans nos sac de couchage, on se fait réveiller par le bruit des montgolfières qui envahissent le ciel chaque matin en Cappadoce. Spectacle surprenant et encore plus magique quand le vent pousse plusieurs d’entres elles devant notre baie vitrée, à une cinquantaine de mètre. On a l’impression d’être devant un aquarium géant où des baleines glisseraient sans bruit. Les heureux élus dans les nacelles sont aussi surpris que nous en nous apercevant ! On grimpe sur le toit et on fait chauffer l’appareil photo.DSC06196
Linda repart aujourd’hui. Nous on cache nos sacoches dans la chambre numéro 4 de notre suite et on part randonner. On suit des sentiers, on se perd, on découvre de nombreuses églises rupestres, on a mal aux genoux, on crève de chaud, on a oublié les batteries de rechange alors on rentre « chez nous ». On essaye de faire la sieste mais impossible. Plusieurs fois on se fait réveiller par des gens qui veulent visiter « notre » grotte! On joue le jeu et on montre le passage secret vers le toit. On sauve un autre groupe de personne, perdu au même endroit que le coréen d’hier. Ils étaient également prêts à se jeter du haut de la faille pour retrouver le chemin. L’ange Charlotte, comme ils l’appellent, leur apparaît par le petit couloir caché qui mène en bas sain et sauf. Après tant d’émotion, ce soir rebelote, soirée patates saucisses et bananes juste nous deux cette fois, éclairés par le feu de bois et la pleine lune qui rend les paysages encore plus irréels.

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Lundi 6 avril, après deux jours à visiter des églises et manger patates et bananes dans de l’aluminium il est temps d’arrêter de jouer aux scouts. On va donc explorer en profondeur la « love valley », vallée de l’amour pour les non anglophones, vallée des phallus pour ceux qui n’avaient toujours pas compris. Ca n’en surprendra pas beaucoup mais cette vallée et surtout la « white valley » qui est dans la continuité est notre favorite. Rien à voir, mais on se prend une chambre dans une petite auberge de jeunesse familiale.
Bonne nouvelle car on a enfin pu payer en dollar canadien sur des comptes à l’étranger une agence de voyage iranienne qui va nous permettre d’obtenir peut être si l’état Iranien veut bien un code pour pouvoir payer pour le visa plus tard dans l’ambassade désignée précédemment qui est à Erzurum en Turquie. C’est bien, c’est assez clair comme procédure pour entrer dans ce pays. En tout cas, merci au soutient improbable du big chef pour l’aide fournie.


Le 7 avril c’est farniente à l’auberge. Repos et triage des photos. Le lendemain on hésite à repartir mais on préfère aller faire un tour à vélo et visiter une autre partie de la Cappadoce. D’autres paysages, d’autres panoramas. C’est sans fin. On répare aussi la tente qui a succombé à une énième attaques de chats et on se fait un planning pour la suite. Direction Erzurum d’ici quinze jours, visa en poche on n’aura plus que quelques centaines de kilomètres à parcourir pour entrer en Perse.

DSC06275Le 9 on repart motivés à fond pour enchainer les kilomètres, et on roule à la vitesse surprenante de 10km/h en descente grâce au vent, toujours de face pour les cyclistes. Après une nuit reposante c’est encore avec le même vent qu’on rattaque. A peine six kilomètres de vélo et un camion s’arrête devant nous. Hussein le chauffeur ne comprend pas pourquoi on pédale avec une météo aussi mauvaise. Le vent forci et la pluie arrive. On voit les nuages noirs s’approcher. Il nous fait comprendre qu’on peut mettre les vélos dans le camion. On est motivé par notre planning alors je dis non. Il insiste. Je redis non. Il re insiste. Ok, notre motivation vient de s’effondrer. On embarque dans son camion tout neuf. Comble du luxe, le sol est couvert de tapis et il y a un lit. On lui explique qu’on veut se faire déposer 70 kilomètres plus loin d’où on quittera la route principale pour partir vers l’Est. « Yok problem ». Hussein continue sa route jusqu’à Trabzon, au bord de la fameuse mer noire. TRABZON ?? On hésitait à aller là bas. C’est un signe encore. Ou bien on a simplement la flemme de pédaler par ce temps pourri. Quoi qu’il en soit, les plans sont fait pour être changés et les plannings pour être à la bourre alors Trabzon nous voilà ! On aura qu’a aller voir en Géorgie puis en Arménie ce qui se passe avant l’Iran. Hussein éclate de rire, appelle sa femme. Deux minutes plus tard, on est de nouveau « misafir». C’est parti pour neuf heures de camion à travers des paysages toujours plus beaux, des montagnes toujours plus hautes et un lit toujours plus confortable pour Charlotte.
On débarque dans la famille de Hussein le soir. Sa femme, sa fille et leurs petits enfants vivent ensemble. L’accueille est indescriptible. Demain on doit rester avec eux, les femmes veulent nous emmener faire les magasins avec elles.

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Samedi 11. La femme d’Hussein, Nazmiye, veut absolument nous donner des fringues. J’essaye de refuser mais la femme est imposante et autoritaire. Elle gère toute la tribu, et on semble en faire parti alors on se tait ! Sept paires de chaussettes, une veste, un gant de toilette. Ca marche aussi avec la nourriture et le thé. Si tu dis non tu as les gros yeux et donc tu dis oui. Je me fais engueuler à plusieurs reprises jusqu’à abdiquer. Une fois que les trois enfants sont prêts, on part au pas de course au milieu du bazar. Un grand moment. Du monde partout, ça parle, ça négocie, ça crie. On essaye de suivre le rythme. Charlotte se fait embarquer dans un magasin de sous vêtements où elle arrive à refuser les propositions de cadeau de Nazmiye. Elle trouve un foulard pour l’Iran. Impossible de le payer. Gros yeux oblige. Puis direction la pizzeria d’un membre de la famille. Encore un accueil indescriptible. On rencontre les sœurs de Sevilay (la fille de Hussein et Nazmiye), les petits enfants, les maris. On se sent privilégiés. On rentre exténués à l’appartement. Il faut encore lutter pour faire comprendre qu’on va repartir en vélo demain et non avec le camion d’Hussein qui se dirige aussi vers la Géorgie. Sevilay rentre tard dans la soirée et semble se faire engueuler par son père. Les yeux un peu rouges elle fait à manger pour les enfants. Par moment il est difficile de comprendre certaines situations. Un plus belle la vie Turque qui dure jusqu’à minuit et on s’endort.

Dimanche 12 avril, j’arrive à rendre la veste à Gros Yeux, mais pas les chaussettes. En contre parti Charlotte se fait offrir un autre voile. On dit au revoir à cette famille inoubliable, on charge les kilos de nourriture qu’ils nous donnent et on s’engouffre sur la seule route qui longe la mer noire jusqu’en Géorgie. C’est plat, inintéressant en dehors de la culture du thé omniprésente sur la cote nord est de Turquie. On est loin des plateaux désertiques du centre. Ici c’est bien vert et la petite pluie discontinue l’explique. La route est tellement ennuyeuse qu’on se décide d’aller au plus vite en Géorgie. Donc ce lundi 13 on roule sans s’arrêter. On va rejoindre la ville de Batumi où Teimuraz peut nous héberger pour notre première nuit dans ce nouveau pays.

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On arrive à la frontière en milieu d’après midi. Ca y est, la Turquie est dernière nous. On la quitte beaucoup trop tôt à notre goût. C’était le cas dans d’autres pays mais ici c’est particulier. On aurait aimé découvrir l’est. On regrette presque la décision d’être monté à Trabzon car cela nous écourte d’au moins trois semaines le séjour en Turquie. Mais la rencontre avec la famille d’Hussein reste un moment fort et irremplaçable. La Turquie, on y reviendra, pour les paysages peut être, pour les Turcs c’est sûr.

Et puis il y a le sourire du douanier Géorgien qui nous accueille en français avec un bel accent. « Bienvenue en Géorgie »…

Galerie photos

14 Comments

  • Waouh .. quel plaisir de vous lire et de vous retrouver à chaque fois ; incroyable ce bivouac de rêve … votre blog c’est l’évasion du quotidien assurée !
    Profitez bien et bonne route en Géorgie

    • En effet quand on s’est réveillés on était comme des gosses ce matin là, c’était vraiment magique ! On était vraiment tristes de quitter la Turquie mais je dois dire que la Georgie c’est pas mal non plus 🙂

  • Et bien dites donc quel mois d’avril , c’est superbe de vous lire et de rentrer dans vos périples . Bonne découverte de ce nouveau pays La Géorgie ce devrait être encore mieux !
    Nous sommes actuellement sur notre ile d’Oléron avec un grand soleil et nous avons passé ce mardi sur l’ile de Ré , on en profite aussi chaque jour mais pas autant que vous , c’est certain . A bientôt pour des nouvelles de ce nouveau pays !

  • C’est drôle, c’est inspirant, c’est agréable, c’est évadant ..pas sûre du mot:)
    Bref, vous lire est un vrai plaisir et vos photos nous font rêver! Merci!
    Grosses bises

  • Salut vous deux,
    A chaque fois que je vous lis, j’ai envie de reprendre la route…. Votre chambre avec vue est tout simplement magnifique!! Merci de nous envoyer toutes ces belles aventures par écrit (très bien écrites d’ailleurs :)), ça nous permet de nous évader un peu de notre petite vie quotidienne. Tout va bien sous le soleil de la Belgique, on pense bien à vous! Profitez-en bien et à bientôt peut-être, bisous – Laura & Eddy

  • Me voila addict; addict à votre aventure, à vos photos, de quelles livres les tirez vous (sans mauvais jeu de mots) ? elles sont toutes sublimes; votre voyage est sublime; vous êtes sublimes… et fous aussi sans doute pour oser . Chaque photo est une aventure, je n’ose même pas imaginer dans deux ans, vous serez riches à millions, à milliards de souvenirs, de rencontres.

  • Les “petits” Loups !

    Les photos ! De la foly !!!!! C’est magiquistique ! Je veux la même suite que vous, celle avec la baie vitrée ! Cette photo, de nuit, devant ce paysage surréaliste des merveilles que nous offre mère nature….comment…je n’ai pas de mots…. Je la regarde chaque jour, un peu, ça me fait rêver….

    Quand à la question que vous nous posiez sur la carte postale reçue avec moultes émotions et sauts de folle depuis la boite aux lettres jusqu’à la maison, je vous répond par mail….il y a des réponses qui ne peuvent être écrite “tout publique” ;-))

    On vous embrasse fort, fort et très fort !
    Alice et Fabian

    • On vous recommande vivement l’adresse, c’est le 3ème immeuble troglodyte sur la droite quand on arrive dans la rose valley, ou la red valley, ou la meskendir valley … je ne sais plus très bien le nom de la vallée mais il y avait beaucoup d’amour dans celle ci aussi !

      Des bisous encore et toujours , jamais assez !

  • Petite charette en cours… tiens ça fait un baille qu’on a pas eu de nouvelles de charlotte… et hop petit tour sur plqa et je m’aperçois que j’ai un train de retard. Ca tombe bien j’avais besoin d’une bonne pause et de m’aerer les neurones… Ca fait du bien de vous lire 🙂

    Prenez soins de vous !
    Christophe et les d-formés 😉

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