Citadin

Don’t forget George(ia)

Le passage de frontière est radical. On change de monde en quelques centaines de mètres.

Les contrastes sont saisissants, à commencer par la typique 2 fois 2 voies turque lisse et à la bande d’arrêt d’urgence rassurante pour les cyclistes. En Géorgie c’est une voie, et tu roules où tu veux/peux pour éviter les nids de poule, nids d’autruche en l’occurrence. DSC06378
Mais en ce lundi 13 avril, pas le temps tergiverser sur les routes ou les immeubles au style désormais très soviétique, car Teimuraz nous attend et on vient encore de perdre une heure en traversant cette frontière. On fait la rencontre de son cousin Erekle qui sera traducteur pour ce soir et de Reece, un anglais roulant pour l’UNICEF autour du monde pendant dix mois. Un petit tour dans l’ascenseur ,payant quand tu montes mais surtout flippant quand tu descends, et les vélos sont en sécurité dans l’appartement. Comme nos hôtes ne savent pas cuisiner on s’en va chez leur belle sœur pour gouter les fameux Khinkali, sorte de raviolis bon marché. Pour ceux qui ne savent pas cuisiner et qui veulent une recette facile : acheter des Khinkali surgelés, aller chez sa belle sœur pour qu’elle les mette dans de l’eau bouillante. Voilà, c’est prêt

On s’endort en pensant à la route de montagne qui nous attend et où, d’après Erekle, des ours et des loups veillent. Sûrement encore une légende locale…

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Le mardi après avoir trainé à Batumi puis roulé une petite heure dans une vallée verdoyante, on s’installe avec notre nouveau compagnon Reece devant une vieille étable abandonnée, jusqu’à ce que la famille qui y vit apparaisse! 
Pas rancunier, un des membres nous invite à partager lait sucré, pain et vodka naturellement, pendant que les enfants nous font une démonstration de danse, alternant musique géorgienne et hit music 90.

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Le lendemain on remonte une rivière au milieu de paysages qui nous rappellent la Suisse. Le temps d’abord superbe, se gâte en fin de journée. On se réchauffe grâce au café offert au bord de la route et on dort au chaud dans une salle indiquée par l’homme qui coupait du bois à la sortie du village de Hulo.


DSC06476Jeudi 16 on attaque les choses sérieuses. Fin de l’asphalte, début de la boue en même temps que la montée vers le col, et impossible de savoir si on peut passer à vélo. Comme cette journée s’annonce plutôt ardue on décide de se tromper de chemin et de s’ajouter un aller retour bonus bien raide. Mais bien qu’épuisante la route est pleine de surprises. « Popcorn guy and co »nous ravitaille en plein effort, les élèves d’une école se jettent par la fenêtre pour venir nous encercler, on leur montre notre trajet sur une carte du monde où la Géorgie n’existe pas encore, on entend un muezzin qui nous rappelle que la Turquie est juste derrière ces montagnes et on entend la légende locale hurler à quelques dizaines de mètres et nous rappelle qu’ici ce n’est pas qu’une légende. On sort une voiture embourbée au col, on roule au milieu d’une tranchée de neige, on éclate un pneu pendant la descente et on a envie de bière pour fêter ce nouveau record d’altitude. Le seul village en vue avec un marché d’après une promeneuse de vaches est en haut d’une ultime montée à 14%. On doit atteindre les 2000 mètres de dénivelé positif aujourd’hui alors la bière est indispensable. Ou pas, vu que le marché n’existe pas.

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Ce matin on retrouve l’asphalte qui nous mène à Akhaltsikhe. Pause wifi et restaurant. Bonne nouvelle, on pourra récupérer nos visas pour l’Iran à Yerevan. Les paysages sont de moins en moins verts, de plus en plus désertiques à nouveau. On trouve la Géorgie tellement dépaysante qu’on décide de prolonger notre séjour. Direction Tbilisi toujours avec Reece. On rejoindra l’Arménie plus tard. De toute façon on a abandonné l’idée de suivre un planning. Bientôt on va abandonner l’idée d’avoir un planning.

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Le samedi 18 avril, on remonte doucement au dessus des 2000 mètres. On se retrouve au milieu de steppes plus arides, traversées par une route en ligne droite. Les villages font très soviétiques. D’ailleurs beaucoup, si ce n’est tous, parlent encore russe. Fini l’anglais. On se fait offrir un bon litre et demi de vin fait maison avant de s’installer face aux montagnes enneigées qu’on ne contemplera pas longtemps vu que le mercure descend à +2° à la tombée de la nuit.


Il fait déjà plus chaud ce dimanche matin quand on se remet à pédaler même si on roule en altitude toute la journée. Les décors sont encore plus fabuleux que les jours précédents. On longe un lac gelé aux milles nuances de bleu au premier plan, et des sommets encore bien blancs en arrière plan. Le soir après une belle descente on fête nos 100km du jour alors on boit le vin offert la veille. On se couche avec la tête qui tourne. Mais surprise, à peine allongés on se fait inviter pour un anniversaire à deux pas d’ici. Charlotte décline mais Reece et moi on honore cette invitation en se disant qu’on va juste dire bonjour, boire un coup et dans une heure maximum on est au lit. Je réalise que George, l’un d’entre eux a l’air d’aimer autant l’alcool que moi lorsqu’il me dit « you are sexy » puis me susurre à l’oreille « Don’t forget George ». Quatre heures plus tard on rentre dans nos tentes, des souvenirs plein la tête…

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Le réveil est difficile car certains souvenirs font très mal au crane parfois. Encore mille mètres de montée quotidienne, la pluie qui arrive, LA descente jusqu’à Tbilisi complètement trempés, des freins inefficaces et ruinés dans ces conditions, un changement de frein les doigts engourdis par les 3 degrés extérieur, une attache de sacoche cassée, trois heures pour trouver une auberge de jeunesse et nous voilà au chaud. Cette journée se classe au top 3 des pires, pas loin derrière une fameuse montée vers Metsovo.

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Bien reposés et tout propres on passe l’après midi de ce mardi 21 avec Reece, Dave et Christa, (si si vous les connaissez il y a même une photo ensemble) qui sont aussi à Tbilisi. Reece nous quitte dès le lendemain car son visa pour l’Azerbaidjan a déjà commencé. Nous on reste une journée encore, puis une autre car le temps est très pluvieux, puis une autre encore car en chargeant les vélos on remarque que la déchirure du pneu s’est agrandie. On doit réparer avant de reprendre la route. Au passage on vient de justifier les deux kilos de cadenas transportés depuis le début car on remarque une tentative de vol avec de très nettes marques de scie sur un des cadenas. Finalement on passe quatre jours ce qui nous laisse du temps pour visiter cette capitale qui mélange quartier en ruine et infrastructure futuriste.

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Le samedi 25 avril on reprend enfin la route. La sortie de Tbilis est fatiguante. Ils roulent aussi vite que mal. Mais cela ne peut pas nous faire oublier les paysages magnifiques qu’on a découvert dans le sud de la Géorgie, les plus beaux depuis le départ. Quelques kilomètres encore et on quitte déjà ce pays. Un dernier thé offert par des Azéris dont un aux dents en or et on aperçoit la frontière.

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Nous voilà bientôt au pays de Charles Aznavour… 

Galerie photos

10 Comments

  • Et bien quel mois d’avril de surprises en surprises alors mais des images superbes et toujours plus de décalage par rapport à l’ouest !
    Encore merci de ces reportages qui nous permettent de vivre vos moments et qui doivent vous prendre du temps !!!
    Début mai la France est bien arrosée , il pleut pas mal !
    Bises à vous deux et à bientôt
    Corinne et Philippe

    • Ici l’été se rapproche, on a du 25° même à plus de 1000 d’altitude. Bientôt l’Iran, un nouveau pas vers l’Est, un pas de géant, avant de retrouver l’influence soviétique dans les -stan
      bisous !

  • Hello les jeunes on constate que tout va bien et c’est tant mieux.
    On suit assidument toute vos étapes avec beaucoup d’intérêts.
    Prenez soin de vous et à bientôt.
    Bisous

    • Les vélos tiennent le coup, les jambes ne flanchent pas, le moral est au top, on prend notre temps, mais en même temps on a toujours hâte de voir ce qui se passe un peu plus loin 🙂 De belles étapes en perspective ….
      des bisous !

  • Ce skype impromptu avec vous nous a remplis de bonheur ,nous avons plus de nouvelles de vous que de Malolo(normal elle est dans ses préparatifs…….)le soleil est revenu aujourd’hui et la piscine a pris 4degrés elle est à 18 si cela continue demain je me baigne.On pédale de tout coeur avec vous prenez soin de vous on vous aime et continuez de nous faire rêver .bisous.

    • Loin des yeux mais tellement proche du coeur pendant ces quelques minutes. Je rêve de sauter dans l’eau quand on grimpe en suant sous un grand soleil … chaque montée se mérite mais une fois en haut quelle vue !
      On vous aime fort et on vous embrasse depuis Tatev

  • Quelle (belle) surprise ce matin en lisant les DNA sur ma terrasse ensoleillée au bord de l’Ehn ( pour le côté nostalgie que vous ne ressentez certainement pas) de découvrir cette aventure extraordinaire qui vous fait toucher des yeux et du coeur ce que peu d’entre nous, classiques mortels de la société de consommation ne verront jamais! Je vais donc continuer à suivre vos traces (de pneu) à déguster vos commentaires pleins d’humour et vos photos magnifiques . Bravo Eric et Charlotte (que je ne connais qu’à travers ce blog) je vous souhaite bonne route et belles rencontres

    Claude

    • Mais on était plutôt bien en Alsace ! C’est juste qu’il y avait tellement de choses à voir ailleurs (et plus loin qu’ailleurs ?) … Peut être pourrons nous donner un peu d’inspiration à ceux qui, comme nous, sont curieux, mais qui comme moi pensaient que la réalisation de ce rêve n’était possible que pour les autres.
      Merci pour vos belles pensées

  • Je suis actuellement chez mémère et pépère un petit mot pour vous dire qu on toujours très fort à vous vous nous manquez beaucoup on vous fait de gros bisous a tous les deux et on attend avec impatience votre retour parmi nous coco a bien reçu votre carte et il était très content

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