Les adeptes

La secte de la Porte du Paradis

Ah le Tadjikistan et son fameux massif du Pamir. Le toit du monde. Des paysages à couper le souffle. Des cols à plus de 4000m… Mais surtout Véro.

D’ailleurs, à peine la frontière passée, on file jusqu’à Dushanbe dans sa maison. Véronique, c’est un peu la maman de tous les cyclistes de passage au Tadjikistan. Ou plutôt la grande sœur. On n’est plus si jeunes et elle n’est pas si vieille.


Dès le premier soir, lundi 13 juillet, on se retrouve à presque une dizaine de cyclistes. Deux jours après on approche la quinzaine. Mais ici, point de suicide collectif, c’est repos, cuisine, et recueil d’information pour la suite du voyage. Nous aussi on veut atteindre un niveau supérieur.

Le mardi 21 juillet, pas de comète Hale-Bopp mais il est quand même temps pour nous de partir. Les informations alarmantes de glissements de terrain dans la zone de Khorog – capitale du Haut-Badakhchan – nous effraient un peu, mais il nous faut au moins une semaine avant d’atteindre cette ville. Les choses ont alors le temps d’évoluer. On roule de nouveau à quatre, avec Gökben et Nicolas qui nous ont rattrapé…car on les a attendus.


Le lendemain, après une sieste tronquée à cause de la carrière d’à coté en plein dynamitage, on quitte l’asphalte. On nous avait prévenu, c’est parti pour plusieurs jours voire semaines de terre, boue, tôle ondulée et autres plaisirs. 
Mais pour la jante arrière de mon vélo, une petite heure suffit pour craquer.
Complètement dépités, on ne peut pas continuer avec une jante dans cet état, sachant que les milles prochains kilomètres seront probablement les plus mauvais rencontrés. On est paumé. Et qu’est ce qu’on fait quand on est paumé ? On appelle notre gourou. Un petit tour en stop version clandestin dans un fourgon où Charlotte est de nouveau super contente, et nous voilà le soir même de retour chez Véro. On y retrouve Negar, déjà croisée lors du premier séjour à Dushanbe, et qui se réjouit de nous retrouver. Elle est trop contente de ne pas passer sa soirée toute seule.

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Le matin suivant, la solution est toute trouvée. Véro accepte de nous prêter sa roue complète pour les deux prochains mois. On lui voue désormais un véritable culte. 
On est prêt à repartir à peine 24 h après la casse. Mais on ne quitte pas le paradis aussi facilement. La promesse de DJ GG -Grand Gourou – en concert privé demain soir nous retient un jour de plus et le mal de tête le surlendemain nous retient aussi, au grand bonheur de Negar. D’ailleurs tous les soupçons sur l’origine de la casse de la jante se portent sur elle. Faute de preuve, on reste amis. Rendez vous est pris en Angleterre.


Samedi 25 juillet c’est le jour J n°2. Le grand départ bis a sonné. On tente le stop mais c’est un échec. Donc on se retape les mêmes 110 kilomètres que la première fois à vélo. Il y a deux routes pour rejoindre Khorog : la principale au sud, et l’autre, non entretenue au Nord. Logiquement on prend la route du nord. Les montagnes du Pamir se dessinent enfin à l’horizon, mais pour y accéder il faut rouler sur des chemins défoncés et sans revêtement. De plus, la pluie fine qui tombe depuis quelques jours rend la route collante, même si c’est agréable d’avoir un air plus frais. Jamais contents ces cyclistes. La distance quotidienne parcourue est donc en chute libre. Heureusement la motivation est là, surtout grâce aux paysages.

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Le mercredi 29 on entre officiellement dans le Haut-Badakhchan après un rapide contrôle du permis obtenu à Dushanbe. C’est aussi le jour du premier des six cols à franchir avant le prochain pays, le Kirghizistan. Premier col, le plus bas, 3252 mètres. Ça monte raide et sur de la terre. Après une baisse de tension imputable à une baisse de morale imputable à un panneau « montée raide dans 500 mètres » en pleine montée très raide, après des heures de grimpette, après s’être fait dépasser par un berger à pied croisé en bas ce matin, après un dernier effort, on atteint le sommet en fin d’après midi. 
L’Afghanistan, n’est plus qu’à une trentaine de kilomètres de nous, mais on se réserve ça pour demain, le tonnerre gronde.


Le lendemain la descente de trente kilomètres est aussi mauvaise que vertigineuse. Difficile de passer les 12km/h. Arrivés à Qa’lai Rhumb, on retrouve notamment Linda (cf Turquie ) désormais accompagnée de Franci. Ce soir là on campe tous les quatre, juste au bord du fleuve Panj, frontière avec l’Afghanistan.

Coincée entre la montagne et le fleuve, la route serpente, grimpe et descend dans un décor qui laisse sans voix mais avec mal aux fesses. Jusqu’à Khorog, l’autoroute du Pamir – l’humour Tadjik est sans limite – est une succession de morceaux de macadam non entretenus depuis la fin de l’URSS, où chaque glissement de terrain a emporté son butin au fond de du Panj, remplacé par une simple tranchée creusée à travers les débris.

Étonnamment on y croise régulièrement des villages où on dit respectueusement salam aux vieux, on tape gaiement dans les mains des enfants, et on s’énerve envers les rares ados à jeter des cailloux ou faire coucou avec un doigt.


Bref, huits jours après le départ de Dushanbe, dimanche 2 août, on arrive en vie à Khorog, à peine effrayés par les quelques chutes de pierres sur notre passage, un peu fatigués et très affamés. On retrouve la plupart des adeptes qui étaient à Dushanbe et même plus, dont la désormais fameuse équipe Solidream. Mais plus que de côtoyer des célébrités on est content d’avoir rattrapé Gökben et Nicolas… car ils nous ont attendus.

 

Galerie photos

12 Comments

  • Magnifique, toutes ces photos , je pense que vous allez pouvoir écrire un livre de tous ces choses vécues en dehors de notre pays . Quelle belle initiative et quel plaisir de vous lire .
    Quelle débrouille pour retrouver une roue !!!!
    Ça va elle tournait bien rond ?
    Vous êtes vraiment dans la nature génial
    Bizs à vous deux

    • La roue tournait bien rond, celles préparées en France devraient bien tenir le coup aussi même si nous n’avons pas pu les roder (Les vélos sont restés à Osh).
      Les paysages du Tadjikistan sont incroyables et on se rend compte ici que nous sommes vraiment dans notre élément, perdus au milieu de ces majestueuses montagnes. Le Pamir c’est malheureusement déjà fini , mais la Chine est pleine de promesses !

    • Parfois c’est un peu plus difficile , On se demande ce qu’on fait là, sur cette route de merde à pédaler à 3km/h sur des gros cailloux en se faisant dépasser par un berger à pied. Et puis on s’arrête, on fait chauffer nos nouilles instantanées et on reprend un peu d’énergie pour recommencer à grimper. Et puis on arrive au sommet. Une fois là haut nos doutes ont disparus. On se sent vivants et fort.
      Parfois la route est monotone, les paysages ne sont pas extraordinaires. Et puis, en traversant un village, ou en longeant un champ, un homme nous salue, ou une femme nous sourit. Ca ne dure qu’un instant, mais ça nous illumine la journée.
      Et puis il y a des jours où il ne se passe rien. Mais on est juste heureux de vivre ça ensemble 🙂

  • salut , Charlotte& Eric
    c’est bien que je vous vois dans ces jolies photos, j’ai reçu vos é-mail aussi , j’espère que tout se passe bien pour vous . continuez votre voyage avec bcp d’énergie
    😉

  • You are incredible! There are no words to descrive what you are doing. I hope to meet you again when you will come back europe and to give you all my congratulations.

    All the best for you!!

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